Altice prévoit 1 700 départs sur 9 700 salariés : 1 300 salariés sur l’Unité Economique et Sociale SFR et 400 sur SFRD (les boutiques). Quatre ans après le dernier plan de départ volontaire (PDV), qui avait fait des ravages au sein des effectifs de SFR (- 5 000 salariés) et après l’annonce le 3 mars dernier d’un nouveau PDV, la CFTC s’associe au CSEC (comité social et économique central) pour attaquer SFR en justice, pour “fraude au New Deal”. En effet, alors que les résultats annoncés en mars 2020 aux salariés du Groupe étaient largement positifs (+ 2,4 % en 2020, un chiffre d’affaires de 10,6 milliards d’euros), comment Patrick Drahi, président d’Altice, peut-il licencier et ne pas reconduire le principe de sécurité de l’emploi (accord New Deal), négocié lors du dernier PDV ?
Un jeu de dupes pour rajeunir les effectifs
Le CSE central de l’UES SFR, avec le soutien de la Fédération, a engagé une action en justice, une plainte pour fraude aux accords New Deal et GPEC. L’audience aura lieu le 22 juin 2021. La direction est soupçonnée d’avoir changé sa stratégie – impliquant des suppressions d’emplois dès 2020 – et d’avoir omis d’en informer les membres du CSEC lors de la réunion du 15 octobre 2020. « Au vu des milliers de pages des livres 1 et 2 du plan, remis aux organisations syndicales le 29 mars 2021, il est impensable que ce projet n’ait pas été en préparation dès octobre, quand la direction affirmait que tout allait bien », estime Cécilia Pereira, déléguée syndicale centrale (DSC) adjointe de l’UES SFR. « C’est un jeu de dupe, nous savons qu’ils souhaitent rajeunir les effectifs. Nous allons tout faire pour protéger ceux qui resteront, car l’activité, elle, ne diminue pas, en demandant la garantie de l’emploi sur plusieurs années, une amélioration des conditions de travail et une révision des accords télétravail et de participation », explique Francky TABUTEAU, DSC CFTC de l’UES SFR. Le salarié occupant un poste visé par le PDV peut théoriquement choisir entre un départ volontaire et un reclassement dans un poste équivalent. Mais des services entiers seront supprimés. « Chez SFR fibre, ils étaient plus de 1 200 salariés il y a cinq ans, et après le prochain PDV, ils seront certainement moins de 200 », s’inquiète Francky TABUTEAU.
Le calendrier de négociation n’est pas encore validé, la CFTC demande un accord de méthode pour encadrer la négociation et intégrer SFRD à l’UES SFR. « Depuis le PDV de 2017, et ses 5 000 suppressions de postes (soit 1/3 des effectifs de l’époque), les équipes étaient déjà surchargées de travail. L’annonce du recrutement de 1 000 jeunes diplômés et 1 000 apprentis par an sur quatre ans n’est pas de nature à nous rassurer, puisque c’est au niveau du Groupe Altice. Ils seront moins expérimentés, avec des salaires plus faibles et moins de droits », conclut Cécilia Pereira.