Article dans Le Lien n°318
Comme 85 % des internautes, peut être avez-vous profité des offres du « Black Friday » ? Le secteur du e-commerce et de la distribution de colis est en très forte croissance, avec plus de 505 millions de colis expédiés en 2017, soit 10,5% de croissance en un an (source FEVAD). Le Groupe HOPPS, créé en 2017, a su s’imposer comme le premier acteur privé de la logistique e-commerce, grâce à son maillage de distributeurs et ses entrepôts logistiques, et annonce 88,9% des colis livrés dès le premier passage grâce aux technologies de livraison.
Un concurrent pour La Poste
La licence postale accordée par l’ARCEP lui a donné des billes pour conquérir les géants du e-commerce. Alléché par les 10,3 milliards d’euros de revenus hors taxe du marché des activités postales (chiffres ARCEP 2016), l’entreprise, qui détient Colis Privé (Amazon est également dans cette filiale avec 23% du capital), Dispeo/ADS et Adrexo, se positionne depuis plus d’un an comme un concurrent de La Poste en France avec la distribution de courriers.
Conditions de travail et prix au rabais
Sa filiale Adrexo positionne ses 17 000 distributeurs d’imprimés publicitaires, avec des PDA embarqués, sur les plis adressés, assumant sans complexe un dumping sur les prix et sur les conditions de travail.
Adrexo connaît une situation de trésorerie tendue. Cet été, alors que le versement des salaires était chaotique, la section CFTC a largement alerté sur l’impact sur les salariés, une population qui a un fort besoin de soutien syndical.
Finalement, des demi-versements étaient faits dans le courant du mois pour assurer le paiement des salaires, grâce à une levée de fonds de 21 et 30 millions d’euros auprès d’organismes financiers en juillet et septembre.
Le paiement de certaines dettes sociales, dont l’URSSAF, serait actuellement renégocié avec le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle.
Une levée de fonds pour refinancer la dette
Pour sortir de l’ornière, Hopps s’apprête à lever près de 50 millions d’euros supplémentaires d’ici fin 2019 pour refinancer la dette (et non pour monter au capital de l’entreprise contrairement à que qu’affirment les dirigeants) auprès de certains géants financiers et logistiques. Les noms de groupes américains (le fonds Colony Capital) mais aussi chinois (Alibaba via un accord de distribution sur le site de commerce en ligne de ce dernier) sont évoqués.
Alors que les élections professionnelles se profilent en mars, la section doit faire face à l’inquiétudes des salariés. En l’absence de comité de groupe, ce que la CFTC demande instamment, la stratégie et les perspectives du groupe restent nébuleuses. Le nom du financeur devrait être connu à la fin de l’année. En attendant que la situation d’Adrexo s’assainisse, la CFTC continue son tour de France pour aller à la rencontre des salariés.