UN PSE DANS LES CLOUS ?
Arkadin, prestataire d’activités d’audio conférence, complétées par des technologies de web et video conferencing, a été racheté en 2014 par le groupe japonais NTT (Nippon Telegraph and Telephone), qui a des filiales partout dans le monde.
En juillet 2019 est créée NTT Limited, un sous-groupe de NTT, rassemblant différentes entités du groupe, dont Arkadin, renommée NTT Cloud Communications. Christophe Paganotto, élu titulaire du CSE et DS CFTC depuis 2017, nous raconte l’histoire du projet de PSE pour cette filiale.
« Lors du premier confinement, les entreprises ont dû repenser rapidement leur organisation de travail, et ont utilisé massivement les systèmes d’audioconférence. Les affaires sont allées bon train pour NTT Cloud Communications dont l’activité s’appuyait sur des technologies propriétaires développées en interne reposant principalement sur les réseaux de télécom traditionnels, avec une facturation à la minute, donc de très bonnes marges. L’arrivée et le succès exponentiel de nouveaux outils de communications unifiées (Teams, Skype, Zoom…), ont changé la donne. Les entreprises basculent progressivement vers ces solutions moins onéreuses et plus riches fonctionnellement. Cela oblige NTT Cloud Communications à évoluer en devenant intégrateur/revendeur des solutions de ses partenaires, avec des marges réduites.
Devant les résultats en forte baisse, en novembre 2021, la direction de NTT Cloud Communications a envisagé une rupture conventionnelle collective (RCC) pour 25% des 210 salariés que comptait la filiale en France, et a engagé des négociations avec les représentants des organisations syndicales.
Moins d’un mois après, le groupe NTT Limited décidait de changer la direction de NTT Cloud Communications, et de suspendre le projet de RCC.
Le 31 mars 2022, les organisations syndicales ont été informées lors d’une réunion extraordinaire du projet de PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi), qui concerne 50% de l’effectif.
Dans ce projet, certains postes sont supprimés, d’autres préservés, et d’autres encore transférés auprès de prestataires externes ou dans le Groupe. Une des particularités de notre entité, c’est que pour les 210 postes, il y a 170 intitulés… Quand on supprime un poste, c’est donc une personne directe qui est visées ! D’où l’importance, comme cela se fait dans tout PSE, de définir des « catégories professionnelles » (regroupements de postes interchangeables) pour éviter ce ciblage. Je vous laisse imaginer la difficulté et complexité avec nos 170 intitulés de postes !
Les signaux sont au rouge, le bail de nos bureaux de Montpellier résilié en attendant un plan B, les bonus rediscutés. Des opérations que faisaient jusqu’à présent NTT Cloud Communications en France (comme du développement, le commercial, le financier…) se font ou vont se faire partiellement ou en grande partie désormais depuis d’autres pays (Inde, USA, Afrique du Sud…). Les missions sont externalisées ou centralisées au niveau du Groupe. Tout est prévu sur le périmètre « Monde » et non plus « France », avec notre intégration dans NTT Limited qui s’accélère.
NTT Cloud Communications ne devrait plus qu’être un centre de coûts, la partie commerciale devant être gérée par le groupe NTT Limited. Ce qui laisse perplexe sur notre avenir.
Les élus du CSE demandent des projections au-delà de 2022, aucune réponse, ou complexes, mêlant les informations des différentes filiales, ou du groupe NTT Limited. Les élus du CSE s’appuient sur un cabinet d’expertise et un cabinet d’avocats, pour assister d’une part le CSE dans l’analyse de l’organisation cible du projet de PSE et de ses impacts sur les conditions de travail, et d’autre part les délégués syndicaux dans la négociation de mesures d’accompagnement dans le reclassement interne ou externe des collaborateurs impactés.
Le 6 avril 2022, la direction nous a donné deux mois pour négocier le projet de PSE. Au 7 juin, soit nous le validons, soit ce sera une décision unilatérale de l’employeur avec dépôt de dossier à la DRIETS pour demande d’homologation.
La négociation est dure, nous sommes inquiets pour l’avenir. Mon conseil, faites-vous accompagner par un cabinet d’avocats (le CSE dispose d’un budget de fonctionnement qui peut être utilisé) et un cabinet d’experts dont l’expertise peut être prise en charge par l’entreprise si désignation… ■