Gilles Bequet, DRH Groupe de l’ESSCA (école de commerce à Angers), membre de l’ANDRH (Association nationale des DRH) pour laquelle il a participé à la commission RH et RSE et à la production d’un livre blanc sur le sujet, s’est exprimé sur sa vision de la RSE pour Le Lien. Une expérience acquise dans les secteurs de la banque, l’édition et la presse dans lesquels il a travaillé.
« En tant que DRH, la RSE est une façon de se réinterroger sur l’impact social de toutes nos actions. Que ce soit pour nos formations, nos partenaires, la manière de manager, de se comporter, la RSE doit irradier l’ensemble de nos politiques. Dans des sujets comme la lutte contre les discriminations, la diversité, l’inclusion des personnes handicapées, avoir une politique de RSE permet de redonner du sens. Ce discours interpelle l’ensemble des parties prenantes, y compris les salariés.
Les actions mises en œuvre permettent de montrer que ce ne sont pas uniquement des effets d’annonce. Ainsi, quand nous nous posons la question de la diversité, nous retravaillons les processus de recrutement, d’intégration, de rémunération. Bien sûr, nous avons des obligations légales. Mais lors de nos négociations avec les partenaires sociaux, nous les dépassons : dans les NAO (Négociation annuelle obligatoire), nous parlons de prévoyance, de la santé de nos collaborateurs. Assurer la sécurité de tous, éviter que des salariés et leur famille se retrouvent en situation financière difficile, ce sont bien là des sujets de RSE, tout comme la qualité de vie au travail, l’égalité Hommes/Femmes, la mobilité.
Faciliter la vie des salariés
Pour les salariés, s’impliquer dans la RSE permet de se réaliser personnellement dans le cadre professionnel. Nous travaillons sur les éléments qui vont faciliter la vie des salariés, y compris en télétravail, que ce soit le transport, les conditions de travail, les lieux de vie, le temps de travail… Lors des confinements par exemple, pour les salariés en télétravail, dans mon entreprise, nous avons mis en place des temps conviviaux pour se retrouver, proposé des séances de sophrologie pour se relaxer, des jeux interactifs… et surtout des échanges d’information. Penser nos partenariats, se soucier de nos salariés qui vont chez nos prestataires, font partie des champs importants de la RSE.
Le sujet RSE phare selon moi actuellement ? la fracture numérique. Elle empêche de nombreuses personnes d’exister pleinement dans ce monde qui se veut “tout numérique”, ce qui est catastrophique, y compris en termes d’emplois. Sur les sujets sociétaux, les organisations syndicales ont un rôle important à jouer, ayant un regard autre. Dans le cadre des négociations, sur les tableaux de bord, sur le pilotage, les organisations syndicales sont une vraie partie prenante. Elles doivent montrer les conséquences des actions proposées, et interpeller les entreprises sur les critérisations, par exemple, sur les entretiens d’embauche : il faut avoir une vision à 360° et chercher des solutions, d’où qu’elles viennent.
Le dialogue social peut être constructif. Ce n’est pas de l’opposition, mais de la co-construction. Cette posture permet d’apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise, de mixer entre les obligations légales, les enjeux pour les salariés et les enjeux pour la structure. »