Expression américaine datant de la fin des années 70, le “plafond de verre” désigne les freins invisibles à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques.
En 1948, Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe écrivait : « C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. »
Par rapport aux autres démocraties occidentales, la France est à la traîne pour l’obtention par les femmes des droits fondamentaux.
Si les hommes obtiennent le droit de vote universel dès 1848, les femmes devront attendre 1944 et c’est seulement en 1965 qu’elles peuvent travailler et détenir un compte en banque sans avoir besoin de l’autorisation de leur mari.
Aujourd’hui encore, moins souvent promues que leurs collègues masculins, et ce, dans toutes les catégories sociales, elles sont particulièrement pénalisées avant leurs 35 ans, soit la période où elles sont susceptibles d’avoir des enfants.
La maternité : principal frein à l’égalité professionnelle
Selon l’Institut national d’études démographiques (Ined), la naissance du premier enfant entraîne un décrochage salarial durable de 30 % pour les mères, tandis que les pères poursuivent leur carrière.
La faute au machisme des dirigeants ? Pas seulement. L’inégale répartition des tâches parentales condamne les femmes au temps partiel, et les éloigne durablement des postes clés.
Auto-censure, poids du milieu social
Les métiers censés être masculins ou méconnus des familles sont déconseillés intuitivement par leur milieu social ou la société sous-couvert de fausses idées : « en informatique, il faut être bon en maths », « les sciences sont faites pour les hommes »…
En dix ans, la diversité dans les écoles d’ingénieurs n’a pas évolué d’un pouce avec seulement un quart d’étudiantes, la plupart se détournant certainement par auto-censure et manque de confiance en elles.
Alors que les hommes osent se surestimer, les femmes ne prennent que des risques professionnels mesurés, et ne postulent pas à des rôles qu’elles ne pensent pas pouvoir tenir.
Pour remédier aux inégalités, des mesures gouvernementales
• La loi Copé-Zimmermann de 2011 impose un quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration (CA) des grandes et moyennes entreprises
• L’index de l’égalité professionnelle, pour les entreprises de 50 salariés (depuis le 1er mars 2021). Calculé sur 100 points, il est basé sur 4 à 5 indicateurs (parité sur les dirigeants, écarts de rémunération…). Si cet index est inférieur à 75 points, l’entreprise a 3 ans, pour au moins les atteindre, via des mesures correctives.
Des freins en France
• Le congé paternité y est l’un des plus courts d’Europe. La France s’est récemment opposée à une directive européenne, qui aurait rendu obligatoire un congé paternité digne de ce nom, qui serait pourtant LA mesure décisive à prendre pour pallier le décrochage salarial que subissent les mères.
• 96 % des congés parentaux sont pris par les femmes (d’après l’OCDE),
• La gratuité des places en crèche n’est pas même envisagée.
Bruno Le Maire favorable à des quotas dans les entreprises
Le ministre de l’Économie a indiqué, début 2021, être favorable à l’instauration de quotas dans les entreprises pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, une cause pour laquelle il souhaite le dépôt d’une proposition de loi à la mi-mars.
« L’enjeu est de taille, car lutter contre le difficile accès des femmes aux postes de responsabilité, connu également sous l’appellation de « plafond de verre », fait partie intégrante des leviers à actionner pour parvenir à l’égalité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes », estiment, dans une déclaration commune, la présidente du HCE, Brigitte Grésy, et la co-autrice de la loi de 2011, l’ex-députée Marie-Jo Zimmermann.