L’édito d’Anne Chatain pour le Lien n°322

02 avril 2021 Fédération

Mars 2021 a été le mois des anniversaires controversés : celui d’un an de confinement et celui plus historique et sanglant de la Commune.


Pour continuer à avancer malgré nos épreuves, sans doute nous faut-il, pour chacun de ces événements, en considérer les acquis positifs.


Pour le confinement, le renforcement de certains liens familiaux et de proximité, les collectifs d’entraide qui se sont montés au sein des quartiers et les nouvelles initiatives d’entreprises durables et plus locales.


Pour la Commune, la revendication d’une politique sociale novatrice, l’égalité des salaires entre hommes et femmes, la création des crèches, la laïcisation de la société et une Fédération des artistes. Autant de sujets restant d’actualité

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À l’heure du bilan de 2020, l’impact de la Covid sur nos économies et nos vies aura été majeur.


Les bénéfices de 37 entreprises sur les fleurons du CAC40 ont fondu de plus de moitié (en retrait de 51,4% par rapport à 2019).

On peut se montrer positif en comparant cette situation avec les crises spéculatives de 2003 et des subprimes en 2008, qui faisaient craindre l’effondrement de sociétés phares et la chute de certains établissements bancaires.

A contrario, la phase d’arrêt total de l’économie de début 2020 a été suivie d’une phase de relance sans opération de renflouement – direct – des entreprises et même en faisant preuve de “résilience” collective.

Ce mot à la mode cache une réalité très diverse entre les secteurs (santé, telecoms et digital en hausse contre bien de consommation, industrie, matériaux en baisse) et plus encore concernant la situation des salariés, qui ont subi pour la plupart les baisses d’activité, la perte de revenus et pour certains des plans de départ volontaires ou forcés.


La résilience paraît devenue une notion collective, pour autant, ce sont bien les salariés qui individuellement continuent à faire fonctionner les entreprises et les citoyens qui animent le corps social.


Finalement, au milieu de cette situation de crise, le rapport annuel sur l’égalité et l’obligation de publication au 1er mars de l’index d’écart de rémunération entre hommes et femmes pour les entreprises de plus de 50 salariés auraient pu passer inaperçus.

Il n’en est rien, en partie sans doute parce que cette crise s’accompagne d’une hausse de la précarité et de la pauvreté en France et qu’elle touche plus directement les femmes.

Double peine : avec 70 % des temps partiels, 60 % des contrats à durée déterminée, 80 % des familles monoparentales, les femmes ont été largement exposées dans les emplois des très utiles “deuxièmes lignes” durant la pandémie. Le Gouvernement cherche à trouver un moyen de reconnaissance de ces travailleurs.


De la reconnaissance il en faudra, car la rétorsion sur les entreprises passant outre l’égalité salariale n’est pas dissuasive (sur 270 mises en demeure, 6 amendes ont été dressées, pouvant aller jusqu’à 1 % de la masse salariale) et les résultats restent modestes (seulement 4 % des entreprises de plus de 1 000 salariés ont un score de 75/100 et 2 % de 100).


La loi Zimmerman-Copé a permis de féminiser les conseils d’administration, mais les inégalités demeurent.

La seule patronne du CAC40, la directrice générale du chimiste Solvay, Ilham Kadri défend plutôt l’idée d’inclusion : toute personne est soutenue au sein de son travail et son équipe peut s’épanouir.


Les talents, masculins comme féminins sont parmi nous, à l’instar de celui de notre collègue-illustratrice de Une Laetitia Ulm.

Sachons les soutenir et les inclure dans le monde de l’entreprise comme dans notre environnement syndical, sans préjuger que les métiers sont genrés.


Enfin je veux vous réjouir avec trois notes optimistes :
• d’abord en vous présentant dans ce numéro le nouveau Bureau Fédéral de la Fédération, résolument tourné vers nos sept secteurs d’activité et vers quatre missions sur le juridique, les branches, l’international et le développement ;
• ensuite en vous enjoignant de visiter notre site internet fédéral relooké, plus lisible et réactif que jamais
• enfin, avec le baromètre réalisé en février 2021 par Opinion Way qui nous indique que la confiance envers les syndicats est en croissance au sein de la société française, au-dessus des médias, des réseaux sociaux et des partis politiques.


« Le mot “crise” en Chinois est représenté par deux idéogrammes qui signifient danger et opportunité. Il y a toujours dans une crise la possibilité de changer, de s’ouvrir à autre chose, d’en comprendre les causes et d’essayer d’en tirer les conséquences. Elle peut être une prise de conscience qui nous permet de vivre autrement, tant au niveau individuel que collectif», Frédéric Lenoir (sociologue)

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