Sujet abordé lors du forum sur la souffrance au travail du 25 novembre 2021.
Le travail est central dans la construction de l’identité et « personne ne peut travailler s’il ne s’investit pas totalement dans le travail » estime Christophe Dejours, psychiatre et spécialiste en psychodynamique du travail et en psychosomatique, auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet. Le travail est ce que les hommes et les femmes rajoutent à la tâche prescrite. Et c’est bien ce qui, aujourd’hui, pose problème dans nos entreprises et nos services publics. La relation de travail se délite, les individus sont “déresponsabilisés” et l’on transforme le salarié en un “novice permanent” d’après la formule de Danièle Lienhart, sociologue et spécialiste du travail.
A grand coup de réformes des modes de management, de réorganisations et de modifications de process permanentes, le travail est vidé de son sens. La construction de l’ignorance est en marche et nul ne semble pouvoir y échapper, pas même les cadres ou les professions libérales. Le développement personnel, concept américain en vogue, reporte la responsabilité sur le salarié de rester “au top” plutôt qu’il ne va l’aider.
Le modèle de Karasek, un modèle d’analyse du stress au travail mis au point en 1979 et depuis internationalement reconnu, permet au Réseau Souffrance et Travail, de poser un diagnostic et, avec la reconstitution du parcours dans l’entreprise, d’analyser les pratiques managériales pathogènes. Une polyvalence excessive et des arrêts de travail anormalement élevés sont prédictifs d’un état de souffrance au travail.
En 2019, on comptait 20 000 accidents du travail pour lésion psychique.