Nos secteurs pendant la crise sanitaire
Le secteur de l’audiovisuel regroupe divers métiers avec des salariés aux statuts divers : CDI, CDD, intermittents (pigiste, intermittents du spectacle, non permanent …). Et il fallait continuer de fournir les programmes et les informations aux téléspectateurs.
Seules les personnes dont la présence était nécessaire étaient sur site (les métiers d’antenne, de diffusion, les présentateurs, la régie, la sécurité ou encore les services de ménages essentiels en cette période), avec des protocoles de distanciation sociale instaurés plus ou moins rapidement en fonction des entreprises, comme un sens de circulation dans les couloirs, et un nombre limité de personnes dans les ascenseurs.
A la place des restaurants d’entreprise, fermés, des plateaux-repas ont été livrés, et pour éviter les transports en commun aux heures de pointe, les groupes ont pris en charge les courses de taxi ou modifier les horaires d’arrivée et de sortie. Côté syndical, certaines initiatives ont été menées comme une distribution gratuite de paniers de fruits et légumes.
Les intermittents du spectacle ainsi que les pigistes ont été mis à rude épreuve durant cette période, se retrouvant sans ressources. Certaines entreprises, Radio France et France Media Monde par exemple, leur ont garanti une rémunération, basée sur les 6 à 12 derniers mois mais toutes les entreprises n’ont pas suivi.
Contrairement au secteur privé, pas de chômage partiel dans l’audiovisuel public, qui dépend d’une dotation publique, principalement parce que l’actionnaire principal, l’État, ne le souhaitait pas. La bascule des arrêts pour garde d’enfant en chômage partiel (impossible dans l’audiovisuel public) a obligé certains à prendre sur leurs congés.
L’essentiel des salariés a été mis en télétravail, soit près de 70% chez France Media Monde et le groupe TF1, et 85% chez France TV, malgré la difficulté de les équiper d’ordinateurs portables. Encore aujourd’hui, nombreux sont ceux qui travaillent depuis leur ordinateur personnel et la conformité de l’installation, l’équipement, la liaison internet de chaque salarié n’ont pas pu être vérifiés, contrairement à ce qui est prévu dans les différents accords liés au télétravail.
De plus, d’après une étude de France TV, 20% des collaborateurs déclaraient ressentir des inquiétudes face à l’avenir, 15% de l’anxiété dans la situation actuelle et 16% un sentiment d’isolement.
La qualité du dialogue social a été plutôt bonne dans ce secteur, avec de nombreux échanges pour trouver des solutions, organiser la poursuite de l’activité dans des conditions dégradées et assurer la sécurité des salariés en prenant en compte des situations individuelles. Les instances des CSE et CSSCT ont continué de fonctionner, en visio-conférence (parfois à plus de 50 participants). Les élus ont bien été informés avec une communication régulière tout au long de la crise.
Groupes WhatsApp, réunions en visio-conférence, le lien n’a pas été rompu avec les salariés, mais les rapports au sein de la section ou des collectifs de travail ont été légèrement plus compliqué. On s’aperçoit que le lien direct et les outils digitaux sont complémentaires et doivent coexister !
Télévision, radio, presse, le virus n’épargne économiquement personne et frappe de plein fouet un secteur de l’audiovisuel déjà en proie à d’importantes restructurations. Si les médias ont enregistré des records d’audience pendant le confinement, ils n’en ont pas tiré profit en raison de l’effondrement du marché publicitaire.
NextradioTV (BFMTV/RMC) vient d’annoncer un plan social qui vise notamment à diviser par deux le recours aux intermittents et aux pigistes pour faire face à la crise sanitaire. Au-delà, tous les grands groupes médias se préparent à un choc brutal et entament des plans d’économies, qui visent notamment les personnels précaires.