Thierry Teboul, directeur général de l’Opco Afdas, a dressé lors de notre forum CFTC dédié à la formation et à la reconversion professionnelle un panorama de la formation professionnelle du point de vue de l’opérateur de compétences.
De 1971 à 2018, le Congé Individuel de Formation (CIF) a permis aux salariés de suivre une formation de leur choix, tout au long de leur vie professionnelle, en bénéficiant d’une prise en charge totale ou partielle de leur rémunération et des coûts de formation.
Depuis 2018, on est passé de la reconversion à la transition professionnelle et c’est plus qu’une évolution sémantique. Avec le Projet de Transition Professionnelle, PTP, c’est une vision prioritairement territoriale et interprofessionnelle qui s’applique, et une nouvelle régulation politique et financière, celle de France Compétences.
Les opérateurs de branches ont désormais des marges de
manœuvre limitées, régaliennes :
• Ils peuvent abonder le CPF, lorsque le coût d’une formation éligible au CPF est supérieur au montant des droits inscrits sur le compte pour assurer le financement de cette formation. Ces abondements peuvent être automatiques en fonction de critères prédéfinis (des formations, des publics spécifiques…)
• Ils peuvent financer la reconversion ou la promotion par alternance (Pro-A), qui vise à faciliter un changement de métier ou de profession, ou une promotion sociale ou professionnelle, via l’obtention d’une certification professionnelle acquise après une formation en alternance.
Pour l’Afdas, la reconversion est une terre d’exploration, malgré des marges de manœuvre “de branches”.
Nous faisons deux constats majeurs : le recours au Conseiller en évolution professionnel (CEP) “interprofessionnel” montre ses limites et l’usage de la Pro-A est restreint malgré le volontarisme des branches.
Nos enjeux à venir sont nombreux.
Ainsi, les dispositifs (entretien pro, CEP, PTP, CPF, Pro-A…) sont mobilisés aujourd’hui d’une façon autonome, alors qu’ils devraient être articulés entre eux.
Les branches ne parviennent pas à produire des informations suffisamment éclairantes et objectives sur
l’évolution quantitative et qualitative de l’emploi dans leur secteur.
Les formations ne sont pas suffisamment adaptées au contexte, que ce soit pour l’aménagement des parcours, la capitalisation et validation des acquis, l’intégration des mutations dans les contenus, ou encore l’évolution des formats.
Aujourd’hui, des questions se posent autour de la problématique de reconversion. Qu’est-ce que se
“reconvertir” dans un monde du travail en mutations constantes ? Comment sortir d’une vision trop généraliste de la “reconversion” ? Et bien d’autres interrogations autour des acteurs et de leur autonomie. Comment trouver un équilibre entre émancipation du salarié et implication de l’employeur dans le processus ?
Quelle place pour les branches dans les processus de reconversion ? Actrices ou spectatrices ?
Et bien sûr, des questions se posent également autour de la régulation du système. Comment faire face à l’ampleur de la tâche avec un système de financement contraint ? Comment concilier la prise en compte du “point de départ” et celle du “point d’arrivée” ? Quelles améliorations demain pour une problématique renforcée par l’évolution probable du contexte économique et social (mutations technologiques, allongement de la durée du travail) ?